PASSAGES, Dani Karavan, Portbou


Le PASSAGES est là devant moi, se découpant sur le bleu-vert turquoise de la mer. On se sent comme happé par ces angles précis affutés, une bande d’acier au sol délimite un chemin vers le PASSAGES, en s’engageant dessus tout à coup on sait que l’on est ailleurs, les quelques pas qui mènent à l’entrée sont comme une plongée vers le vide, et là tout à coup au bout d’un tunnel noir les remous turquoise et argentés de la mer jaillissent dans un rectangle délimité par les deux feuilles d’acier. Un escalier plonge dans l’obscurité. Seuls les nez de marche éclairés d’un éclat par le soleil au zénith donnent la direction. Sous les pieds la chaleur des tôles contraste avec la froideur du couloir plongeant. Combien de marches ? Combien de temps ? On ne pense qu’à une chose atteindre la lumière des remous, et tout à coup le plafond s’efface et le bleu ultramarine du ciel couvre le couloir d’infini, de l’obscurité à la lumière. Cette initiation, cette contrainte provoquée par le dispositif oblige à regarder, écouter, sentir, tous les sens en action pour vivre un moment rare hors du temps, seulement soi avec soi, sans partage, sans paroles, sans pensées, sans rien d’autre que le poids du temps qui va et qui vient au rythme du ressac.

Je me suis assis là et j’ai lu quelques phrases en plusieurs langues gravées dans le verre qui interface la vue turquoise.

«Honorer la mémoire des anonymes est une tâche plus ardue qu’honorer celle des gens célèbres. L’idée de construction historique se consacre à cette mémoire des anonymes.» 

Benjamin Walter Gesammelle Schriften 1 p. 241.

suite de l’article dans le blog de Thera Explorer

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